Circuits courts et court-circuit
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Le développement des circuits courts de distribution des produits alimentaires est un thème d’actualité. A preuve, Michel Barnier, ministre de l’Agriculture et de la Pêche, a annoncé récemment un plan pour développer la commercialisation de produits agricoles en « circuits courts ».
Cet engouement répond à une demande de consommateurs pour qui le développement durable ne doit pas être un vain mot (distances de livraison, production de proximité, prix, bio…). Le développement des amap (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) est en la meilleure preuve. Les amap sont des regroupements de consommateurs qui achètent directement à quelques producteurs, cela concerne surtout les fruits et les légumes.
En Franche-Comté, le phénomène est aussi d’actualité. Il y a quelques semaines, la Chambre d’agriculture du Jura organisait une journée sur ce thème. Surtout, le dossier a été pris en main par le Conseil régional qui lui a consacré une conférence régionale agricole, mêlant l’aréopage des responsables agricoles régionaux et d’associations de consommateurs, ce qui entraîna d’ailleurs un certain chocs des… cultures. Le chantier est effectivement, vaste, pertinent, notamment pour la restauration collective. L’ambition du côté du conseil régional est, entre autre, de créer une marque régionale pour identifier les productions, une sorte de « Made in Franche-Comté ».
Notons toutefois que nombre de productions régionales pratiquent de longue date la vente directe, à commencer par les vignerons jurassiens, auxquels on ajoutera les apiculteurs, les producteurs de fromages fermiers, les pisciculteurs et quelques autres petites filières.
Avec les énormes efforts consentis depuis quelques années, les fromageries francs-comtoises sont devenues un exemple de modèle en matière de circuits courts. On ne s’y contente pas de vendre les fromages produits sur place (comté, morbier…) ; on y a créé aussi sur de véritables boutiques qui forment un beau réseau pour la commercialisation des petites productions régionales. Il suffit pour s’en convaincre de pousser les portes des boutiques des fromageries de Métabief, Bonnétage, Métabief, Arsure-Arsurette (La Baroche), Monnet-la-Ville et de quelques dizaines d’autres. Ce réseau qui continue à se structurer est assez unique en son genre.
Cela dit le débat actuel peut aussi faire sourire. Les paysans ont-ils tous vocation à devenir commerçants ? On en doute. Les clients des grandes surfaces vont-ils tous spontanément processionner vers les campagnes et revenir avec un cochon en pièces détachées ? On en doute aussi. Si l’enjeu est réel, tel qu’il est posé, il semble qu’on oublie un acteur, surtout dans une région comme la Franche-Comté où la vie dans le monde rural est aussi importante.
Dans ce contexte, pourquoi négliger d’associer à la démarche le petit commerce rural « de proximité », comme on dit ? Ce petit commerce, quand il en reste, doit aussi faire face à de nombreuses difficultés et il se cherche de nouvelles voies. Il serait donc dommage de confondre circuits courts et court-circuit commercial.
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