Complètement sanglés, ces Bisontins !
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De vrais farceurs ces Bisontins (et Bisontines), qui n’ont vraiment rien à
apprendre des peuplades du Sud vers le Rhône, en matière de tartarinades et
autres pagnoleries. Taquins et malins ! C’est le sentiment positif qui reste
après avoir vu à les avoir vu à l’oeuvre dans l’émission de M6 « Un diner presque
parfait » qui a posé fourchettes et caméras à Besançon pendant la semaine de
Pâques (les émissions avaient en fait été enregistrées en février).
« Un diner presque parfait » est l’une des meilleures émissions regardables à la
télévision. Diffusée du lundi au mardi vers 18 heures, son principe est simple :
cinq habitant(e)s d’une ville vont s’inviter à tour de rôle, le soir, pendant
une semaine. A la fin de chaque repas, les invités notent l’hôte ou l’hôtesse
sur la qualité du repas, la décoration et l’ambiance. Le vainqueur empoche 1 000
euros (on peut trouver que M6 est un peu radine).
Cette émission est un excellent observatoire des pratiques culinaires dans
l’Hexagone. D’une façon générale les candidats et les candidates aiment défendre
les produits de leur région (et parfois ça frite comme à Nîmes à propos de la
brandade de morue). Les autres grandes tendances : les cuisines des continents
(souvent assimilées aux épices), les expériences personnelles (du genre
madeleine de Proust), les racines, la cuisine militante (bio, végétarienne
) et
des incursions vers la haute voltige (gastronomie, moléculaire).
Le bustier qui ne laisse pas de bois
La sélection bisontine s’est lancée dans l’aventure la fleur à la fourchette,
dans la joie et la bonne humeur. Il y avait donc Jeanne, Caroline, Patricia
(derechef baptisé La Patoche), Sébastien (non moins derechef baptisé Le Seb) et
Eric qui ont rivalisé de bonnes intentions déclinant dans le choix de leur menu
leur histoire, leur vécu, les choses qu’ils avaient envie de faire partager.
A Besançon, les notes se sont inscrites sur une échelle assez haute et serrée
(de 6,3 à 7,4) alors que d’ordinaire c’est plus élastique et plus vachard. Dans
d’autres villes, Caroline se serait certainement fait tacler pour n’avoir pas
fabriqué le foie gras ou avoir servi des framboises en février. Personne n’a
tenu rigueur à Sébastien de son dessert manqué. Quand à Patricia, personne n’a
moufté quand elle a servi une potée dite comtoise, sans viande fumée, ce qui
reviendrait à cuisiner un couscous avec du soja à la place de la semoule ou un
cassoulet avec du tofu. On a dû s’enfumer dans les tués du côté de Morteau !
Ca n’a pas empêché la joyeuse équipe de mener son affaire tambour battant, avec
trois candidates aussi effervescentes que flingueuses à froid, un placide
dégainant à coup sûr et un emmerdeur sympa (en général les producteurs arrivent
toujours à trouver un emmerdeur sympa). Lequel emmerdeur s’est trouvé le
vendredi coulé au pilori du cadeau qui tue.
Les téléspectateurs d’outre Franche-Comté n’ont pas dû comprendre toutes les
subtilités des us et coutumes locales. Ainsi Eric s’est obstiné à offrir une
horloge à chaque hôte, au point que Le Seb finira par lui balancer « Mais t’as
tiré une palette ! ». Cette affaire d’horloge ressemblait un peu à un coup de
pub pour un ami.
Le clou de la semaine aura certainement été vestimentaire avec le bustier de
Patricia. On espère que des producteurs de Mont d’or ont vu l’émission. Ce
bustier était spécialement fabriqué avec des sangles d’épicéa, celle qui servent
à cercler le Mont d’or. Ca a finalement donné le ton d’une semaine complètement
sanglée !
Résumons : une horloge qui pourrait devenir culte, un bustier qui pourrait faire
fureur. Les Bisontins sont des malins.
Bon, comme on l’écrit précédemment, les téléspectateurs d’outre Franche-Comté
n’ont pas dû tout comprendre. Les connaissances des candidats n’étaient pas
toujours au top et la réalisation de l’émission est passée trop vite sur des
éléments qui auraient mérités quelques explications.
L’émission doit beaucoup au montage, avec un commentaire en voix off qui est
l’une des clefs de l’ensemble. Un commentaire très travaillé, toujours prêt à en
rajouter une couche quand l’ambiance tombe un peu, aboutissant à des sortes de
sketches assez hilarants. Commentaire renforcé par d’amusantes intrusions
musicales en phase avec l’ambiance, un éclectisme allant des films de Tati aux
bandes-sons de série télé (X-Files, Madame est servie
).
Quelques remarques
Le vin / Et le vin dans tout ça ? Il est quasi absent et on se doute un peu
pourquoi. Pourtant plutôt que d’accorder un poids trop important à la note
d’ambiance, on aimerait bien voir juger les accords mets-vins (ou autres
boissons, il y a le choix). Et ne parlons pas du fromage. Rude abstinence
lactique.
Saucisse de Morteau / Les producteurs de saucisses de Morteau doivent se frotter
la panse. Dans l’introduction de chacune des cinq émissions, la saucisse de
Morteau était présentée comme la star du Doubs à l’égal de Victor Hugo !
Comté / Celles et ceux qui ont vu l’émission auront remarqué les publicités pour
le comté. Ce n’est pas ponctuel. L’interprofession du comté a repéré depuis
longtemps la qualité de l’émission dont elle est partenaire depuis plusieurs
mois.
Public, privé / Lorsque des émissions (hors information) sont tournées en
province, les sociétés de production ont l’habitude de faire passer les
collectivités locales à la caisse. On a vu encore le cas récemment avec « La
carte au trésor » et le conseil général du Doubs. Pour « Un diner presque
parfait » ça ne semble pas être le cas. On notera que cette pratique concerne
souvent des sociétés de production qui travaillent pour la télé publique, et on
rappellera que M6 est une chaîne privée
Audience / L’émission est regardé quotidiennement par environ quatre millions de
personnes.
Espérons voir « Un diner presque parfait » revenir dans le secteur, à Belfort,
Montbéliard, Vesoul, Pontarlier, Lons-le-Saunier, Arbois
Sur internet :
www.undinerpresqueparfait.m6.fr
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