Libérons l’assiette de nos enfants
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Allergies, calories, chocolat, frites, goûter, grignotage, habitudes, plaisir, régime, surpoids, télévision… en 120 items classés par ordre alphabétique, Laura Annaert, maman-chef et animatrice de nombreux ateliers parents et enfants, et Laurence Haurat, nutritionniste et psychologue, chroniqueuse dans l’émission Les Maternelles sur France 5, se sont penchées sur ce vaste sujet qu’est l’alimentation de l’enfant entre 3 et 10 ans. Très clair, rassurant, truffé de conseils malins, d’astuces, de recettes gourmandes, ce basique donne aux parents les clés pour mieux appréhender l’alimentation de leur enfant, leur donner le goût d’une alimentation diversifiée, dédramatiser les conflits et aplanir les difficultés pour en faire un mangeur épanoui. Essentiel !
Qu’est-ce que l’on trouve dans un « dico de l’alimentation des enfants de 3 à 10 ans » ? Dans sa forme, c’est bien un dictionnaire : des mots classés par ordre alphabétique, une définition non officielle mais au contraire très personnelle des deux auteures et un développement court, pratique pour que chacun puisse donner à ses enfants l’éducation alimentaire qu’il souhaite. Et un titre, comme un manifeste : « Libérons l’assiette de nos enfants ! » Libérons-la des obligations hygiénistes, du diktat du marketing, de la publicité, de l’industrie agroalimentaire et de la trilogie : pâtes-patates-riz. Chaque thème traité nous a semblé faire partie des interrogations des parents. Le but est de trouver au fil des pages les réponses aux questions qu’ils se posent sur l’alimentation de leurs enfants au fur et à mesure que ceux-ci grandissent.
Entre 3 et 10 ans, fini (ou presque) le biberon, finie aussi la diversification et la texture mixée puisque l’enfant a des dents et va maintenant passer par diverses phases alimentaires. Après avoir goûté à tout, il aborde la période perturbante de la néophobie : pâtes, pizza, féculents ont la cote mais il faut noyer les légumes sous le ketchup pour réussir à lui en faire manger. On se demande alors dans quelle mesure un petit de 3 ans peut apprécier l’acide des condiments ou la saveur amer… Et le sel dans tout ça ? Est-ce un ennemi absolu ou pas ? On se confronte à des étapes de vie : les fêtes d’anniversaire, le corps qui change, les allergies alimentaires (au gluten par exemple), l’anorexie, tellement désarmante pour les parents, ou le surpoids dans certains cas. Faut-il mettre son enfant au régime pour lui permettre de réintégrer la norme ? Imposer les produits allégés ou au contraire lui apprendre à gérer le sucre et le gras des viennoiseries ou des frites ?
Côté adultes, on devient un peu plus conso-acteur lorsque l’on élève ses enfants. On se pose la question du bio et on s’inquiète des OGM. On fait avec l’environnement alimentaire qui existe, la nourriture industrielle et les surgelés, tout en trouvant le chemin du marché et des producteurs locaux. Avec un peu de chance, on a un potager ou au moins un pot de thym ou de basilic sur la fenêtre pour plus de goûts et de vitalité dans les assiettes… On a aussi envie d’éviter les conflits au cours des repas, où les tensions de la journée nous rattrapent bien souvent. Heureusement, on peut se poser un peu plus le week-end, préparer un apéro (avec ou sans cacahuètes ?) ou organiser des repas de fête. On touche du doigt le bonheur avec un pique-nique ou un déjeuner au restaurant ! On veut partager ce qu’on a aimé petit, transmettre àla nouvelle génération, goûter, déguster. On prend parfois des décisions arbitraires : pas de barre chocolatée avant 6 ans, pas de bonbons à la maison pour se rendre compte qu’ailleurs notre fille/garçon en mange avec excès ! Quant au fromage et aux produits laitiers, les enfants en consomment-ils trop ou pas assez ?
Certains produits sont nos bêtes noires : les sodas, les chips, le Nutella®… à tort ou à raison ? C’est aussi un livre dans lequel il est question de nutrition mais pas seulement pour parler de Calories, d’énergie, d’ANC (apports nutritionnels conseillés). Nous avons voulu prendre en compte tous les aspects de l’alimentation : le plaisir qu’elle nous apporte, l’échange, le partage, la complicité que l’on a à être en cuisine avec un enfant : on lui transmet un héritage, on lui apprend à accepter son hérédité dans la chaleur et le bruit des cuissons. On l’aide, en fait, à construire son identité de mangeur et à comprendre qui il est ! Nous sommes tous tellement différents, devant l’alimentation comme le reste : chaque individu a des besoins en énergie qui lui sont propres, c’est pourquoi on ne peut pas comptabiliser nos besoins mais plutôt tenter de les ressentir. Apprendre à l’enfant à se connaître, c’est lui donner le langage adéquat : ressentir l’intensité de sa faim, de son rassasiement et pouvoir ainsi mieux l’aider à cerner les quantités qu’il lui faut, à trouver ses limites.
Savoir différencier une envie d’un besoin de manger.donc, contribuer àson équilibre global et pas seulement à son équilibre alimentaire. Et puis il fallait bien un livre pour pouvoir se libérer des idées reçues, pouvoir choisir le bon produit, peut être bio ou artisanal, tout en respectant un budget qui n’est pas extensible, faire ses courses en choisissant avec discernement ce que nous offre l’industrie agroalimentaire. Il est important de savoir déchiffrer les étiquettes pour repérer le sirop de glucose-fructose, les graisses hydrogénées ou les édulcorants. Et les fibres sont-elles bonnes ou pas pour lutter contre la constipation ?
Nos enfants ont à faire face à une situation inédite pour l’homme : un contexte d’abondance alimentaire, de sursollicitation ; des courbes de corpulence (muscle ou gras ?) qui ne cessent d’augmenter ; des enfants surinformés par la télévision ; une sédentarité qui s’accroît avec de moins en moins de sport ; et des habitudes alimentaires qui se prennent dès le plus jeune âge. Les parents sentent bien que les choses ont évolué : on nous disait de mâcher longtemps, pour mieux digérer, mais comment peut-on mâcher du pain de mie, un repas fast-food ou des jus de fruits ? On nous a forcés à finir notre assiette, aujourd’hui, on vise le juste rassasiement. Nous buvions du lait en arrivant à l’école, maintenant on s’aperçoit que la collation du matin n’est pas indispensable. Un fruit, c’est un dessert, mais n’est-ce pas plus amusant, pour les enfants, de manger leur fruit sous forme de compote ? Les gâteaux ont remplacé le pain et le chocolat de nos propres goûters d’enfant. Faut-il diaboliser tous ces aliments nouveaux, plus riches, plus sucrés et plus gras mais que les enfants apprécient tant ? Peut-on leur refuser des excès de gourmandise que nous, parents, nous nous autorisons si facilement ?
Et puis, on trouve tout au long de ce livre des idées de recettes toutes simples, que les enfants apprécieront naturellement – celles à l’oeuf, les boissons aux fruits, les glaces ou celles qui font la part belle aux épices ou aux yaourts et aux céréales. Et puis d’autres moins faciles d’accès : aller au-delà du dégoût provoqué par l’amertume d’un velouté aux endives pour en découvrir la saveur finalement acceptable.
Des recettes parce que la cuisine est indissociable d’une relation apaisée avec l’alimentation : stimuler les cinq sens des enfants, leur faire sentir les odeurs dégagées par un bouquet d’herbes fraîches, une huile d’olive ou de noisette ou encore celle d’une viande braisée. Leur apprendre les gestes d’hygiène alimentaire, leur permettre de reconnaître un beau poisson bien frais. Grignoter une tranche de charcuterie ou une crudité en mettant une jolie table pour que ce moment soit un petit événement de la vie quotidienne, comme une compensation à la cantine avec laquelle les enfants entretiennent souvent un rapport ambivalent. On est alors bien loin des campagnes de prévention : on ne parle plus de lipides, de protéines ou de glucides, de groupes alimentaires, de calcium, d’oméga 3, d’eau ou de vitamines et minéraux, mais bien d’Amour avec un grand A.
Les auteurs
Depuis une dizaine d’années, Laura Annaert crée des ateliers pour les enfants autour de l’alimentation : elle travaille le développement du goût, stimule leur créativité, explore le bien manger à travers la connaissance des familles alimentaires, la cuisine des fruits et légumes… Aujourd’hui, elle conseille les marques et anime des ateliers pédagogiques à destination des enfants et des parents. Elle est l’auteur de Miam-Miam, du Manuel du manger aux éditions Agnès Viénot et de Tout se mange avant 6 ans chez Minerva.Psychologue et nutritionniste, Laurence Haurat reçoit dans son cabinet des patients adultes et enfants pour les accompagner dans leurs problématiques alimentaires. Elle anime une chronique hebdomadaire, Le Meilleur pour la faim, dans l’émission Les Maternelles sur France 5. Elle apporte aussi ses compétences et son éclairage original sur l’alimentation lors de conférences et formations en entreprise ou en école de cuisine. Elle est l’auteure du blog www.dietepense.fr.
Découvrir le livre « Libérons l’assiette de nos enfants », de Laura Annaert et Laurence Haurat aux Editions La Martiniree, 304 pages.
Source : Editions La Martinire